L'anorexie mentale est souvent citée, mais est-elle vraiment bien comprise ?
Caractérisée par la gravité de son pronostic, il s’agit de la maladie psychiatrique qui enregistre le taux de mortalité le plus élevé, jusqu’à 10 % dans les études comportant un suivi de plus de 10 ans (HAS, 2010).
L’anorexie mentale, comment la diagnostiquer et la traiter ?
L’anorexie, qu’est-ce que c’est
L’anorexie, ou anorexie mentale, est un trouble du comportement alimentaire (TCA). Très présente chez les jeunes, elle est marquée par une peur intense de prendre du poids, conduisant à des restrictions alimentaires drastiques.
Contrairement à ce que certains pourraient penser, l’anorexie va bien au-delà d’un simple régime ou d’une préoccupation esthétique. Elle se distingue des autres troubles alimentaires par son intensité et ses implications. Causant une perte de poids extrême, elle peut entraîner des conséquences graves sur la santé physique et mentale d’une personne.
La dysmorphie dans l’anorexie mentale
L’anorexie mentale s’accompagne généralement d’une distorsion profonde de l’image corporelle, communément appelée dysmorphie. Les personnes atteintes perçoivent leur corps de manière déformée, souvent en le voyant beaucoup plus gros qu’il ne l’est en réalité.
Cette perception erronée est l’une des raisons principales qui les poussent à engager des comportements alimentaires restrictifs. La dysmorphie est à l’origine des complexes et des insécurités qui, amplifiés, engendrent une obsession constante autour de la silhouette.
Les troubles associés : anorexie et boulimie
L’anorexie mentale et la boulimie sont deux troubles alimentaires distincts, mais ils peuvent se chevaucher chez certaines personnes. Il est ainsi possible de catégoriser l’anorexie en deux types principaux : l’anorexie de type restrictif pur, où l’individu se restreint simplement, et l’anorexie avec des crises de boulimie, accompagnées de vomissements ou de l’utilisation de laxatifs.
De manière générale, l’anorexie et la boulimie partagent une préoccupation excessive pour le poids et la silhouette corporelle. Cependant, alors que les personnes anorexiques limitent considérablement leur apport calorique pour perdre du poids, celles atteintes de boulimie ont tendance à passer d’épisodes récurrents de consommation excessive d’aliments à des comportements extrêmes pour éviter la prise de poids.
Symptômes et diagnostic de l’anorexie mentale
L’anorexie mentale, par la restriction alimentaire sévère qu’elle engendre, entraîne une série de symptômes physiques et psychiques.

Perte radicale de poids et dénutrition
Le signe le plus visible est bien sûr la perte drastique de poids, souvent rapide. La personne atteinte d’anorexie peut perdre jusqu’à 15% (ou plus) de son poids normal. Cette dénutrition majeure affecte l’ensemble du corps et peut entraîner des conséquences dramatiques.
L’indice de masse corporelle
L’un des indicateurs clés utilisés pour diagnostiquer l’anorexie est l’Indice de Masse Corporelle (IMC). Chez les personnes souffrant d’anorexie mentale, cet indice est généralement inférieur à 17,5 kg/m². Cependant, ce chiffre peut varier en fonction de l’âge et du sexe du patient.
Symptômes physiques fréquents
Indépendamment de la perte de poids, vous pouvez remarquer chez la personne souffrant d’anorexie des symptômes physiques nombreux : peau sèche voire jaunâtre, cheveux et ongles cassants, croissance excessive de poils fins sur le corps (lanugo), sensibilité au froid due à une faible masse corporelle…
Les femmes anorexiques souffrent aussi fréquemment d’une absence des menstruations, appelée aménorrhée, accompagnée de troubles hormonaux importants.
L’anorexie mentale peut aussi causer des troubles cardiovasculaires graves comme une tension artérielle très basse ou une bradycardie (rythme cardiaque lent), pouvant provoquer un arrêt cardiaque.
La dénutrition menace, quant à elle, l’intégrité des organes vitaux : elle peut provoquer une atrophie du cerveau entraînant des problèmes de concentration ou encore l’apparition d’un état dépressif.

Enfin, l’anorexie peut considérablement altérer le système immunitaire, rendant ainsi l’organisme vulnérable aux infections. Des troubles gastro-intestinaux peuvent alors survenir : constipation chronique due à la malnutrition ou douleurs abdominales.
Manifestations comportementales
La peur obsessionnelle de prendre du poids
Il ne faut pas oublier qu’au cœur de cette maladie se trouve une terreur profonde et persistante autour du poids et de l’image corporelle. Malgré son sous-poids notable, la personne anorexique perçoit son corps comme étant trop gros et cherche constamment à maigrir. Cette perception déformée du corps est souvent accompagnée d’une forte anxiété autour des aliments et des repas.
En tentant de prendre le contrôle sur leur prise alimentaire ainsi que leur silhouette, ils peuvent développer des rituels alimentaires, tels que couper la nourriture en petits morceaux ou éviter certains types d’aliments qu’ils considèrent comme « gros ».
Impact psychologique
Sur le plan comportemental, vous pourriez remarquer une fixation sur le comptage des calories accompagné d’un isolement social important.
La pratique intense d’une ou de plusieurs activités physiques peut aussi être présente chez les personnes souffrant d’anorexie mentale. Loin de la volonté de procurer un plaisir particulier, elle est souvent pratiquée de manière compulsive pour contrôler la prise de poids.
L’anxiété, la dépression et même les tendances suicidaires sont aussi des conséquences psychologiques courantes.

S’informer : Causes et facteurs de risque
Facteurs biologiques et génétiques
Tout d’abord, des facteurs biologiques peuvent être impliqués. Certaines études suggèrent que des anomalies génétiques ou hormonales pourraient prédisposer certaines personnes à développer ce trouble alimentaire.
Des recherches récentes sur le rôle du cerveau dans l’anorexie progressent et soulignent l’importance de certains neurotransmetteurs comme la sérotonine.
Facteurs psychologiques
Des structures familiales dysfonctionnelles, des expériences traumatiques durant l’enfance ou encore une faible estime de soi peuvent constituer un terreau propice au développement de l’anorexie mentale.
Il convient de ne pas négliger les influences socioculturelles. Dans une société qui valorise la minceur comme idéal de beauté, les pressions sociales et médiatiques peuvent favoriser l’émergence d’un rapport malsain à la nourriture et au corps.
Cependant, chaque cas d’anorexie est unique et nécessite une prise en charge individualisée pour comprendre et traiter efficacement les différents éléments qui ont causé son apparition.
Comment prendre en charge l’anorexie mentale ?
Si vous ou l’un(e) de vos proches semble souffrir d’anorexie mentale, la première étape consiste à prendre rendez-vous chez votre médecin généraliste. Il pourra établir un diagnostic et lutter contre la dénutrition en stabilisant le poids du patient(e).
Par la suite, il pourra vous aiguiller étape par étape et vous apporter les renseignements nécessaires pour commencer une psychothérapie, souvent nécessaire pour traiter les problèmes sous-jacents et prévenir les rechutes.
Les autres formes de TCA (Trouble des conduites alimentaires)
Quelle est la différence entre l’anorexie mentale et la boulimie ?
L’anorexie mentale est un trouble qui consiste à se priver de nourriture afin de perdre du poids, avec une volonté de “faire disparaître” le corps grâce à un amaigrissement démesuré mettant en danger la santé du patient(e). Le comportement vise à limiter la sensation de faim en absorbant des quantités excessives d’eau par exemple. Les symptômes de l’anorexie mentale comportent un risque vital pour le ou la patient(e).
La boulimie est caractérisée par des crises de type comportements compulsifs qui consiste à ingérer des quantités massives d’aliments, suivis de comportements compensatoires comme des vomissements, la prise de laxatifs, le jeûne. Ce comportement visant à reprendre le contrôle de son corps pour éviter la prise de poids ou favoriser l’amaigrissement.
Qu’est-ce que l’hyperphagie boulimique ?
À la différence de la boulimie (souvent liée à l’anorexie mentale), l’hyperphagie boulimique est caractérisée par des crises plus ou moins récurrentes d’absorption démesurée de nourriture sans comportements compensatoires. Ce comportement peut notamment être lié au stress.
Qu’est-ce que l’orthodexie ?
L’orthodexie est un trouble récemment identifié, sa définition est l’obsession de ne manger que de la nourriture saine et rejeter les aliments considérés comme malsains. Cette obsession entraîne un comportement difficile à gérer au quotidien avec des symptômes de vérification et un facteur stress important. Le patient vérifie systématiquement les étiquettes alimentaires, les provenances, peut avoir une tendance à nettoyer excessivement des aliments, etc.
D’autres TCA ou maladies plus rares
- l’alimentation hypersélective consistant à ne manger que des éléments ayant un point commun. Par exemple uniquement des aliments verts ou uniquement des aliments ronds.
- le pica est une maladie caractérisée par l’ingestion de substances non comestibles (papier, terre).
- le mérycisme consiste à régurgiter volontairement la nourriture puis la remastiquer.
Anorexie, boulimie, orthodoxie, hyperphagie : qui est concerné par les TCA ?
Les TCA en chiffres
Les femmes sont les plus susceptibles d’être touchées par les TCA (Troubles des Conduites Alimentaires), à hauteur d’environ 80% des patient(e)s.
La CPAM (Caisse primaire d’Assurance Maladie) estime que l’anorexie mentale concerne jusqu’à 1,5% des femmes et jusqu’à 0,3% des hommes.
Le développement du comportement s’observe en majorité au moment de l’adolescence, chez les jeunes sujets dans les tranches d’âge de 13 à 17 ans. Les personnes adultes, de sexe féminin ou masculin peuvent également être concernées par ce trouble du comportement.
Selon la Haute Autorité de Santé (HAS), la boulimie toucherait 1,5% de la population et concerne principalement les femmes âgées de 11 à 20 ans, avec un facteur risque accrue aux alentours de l’âge de 20 ans.
L’hyperphagie boulimique concerne entre 3 et 5% de la population (Source Haute Autorité de Santé) et touche autant les hommes que les femmes à l’âge adulte.
En France, environ 10% de la population serait sujette à des troubles des conduites alimentaires, toutes formes confondues.
Les comorbidités
Les personnes touchées par les TCA sont souvent atteintes de comorbidité(s), c’est-à-dire que le trouble des conduites alimentaires dont elles sont atteintes entraînent l’apparition d’autres troubles ou maladies associées.
D’autres troubles psychologiques comme le TAG (Trouble anxieux généralisé) ou les TOC (Troubles Obsessionnels Compulsifs) sont régulièrement observées chez les patients qui souffrent de symptômes liés aux aliments.
Ces comorbidités peuvent entraîner de graves conséquences sur la santé : conduites à risque ou des complexités de santé comme l’apparition de maladie comme la dépression.
Une prise en charge adaptée est indispensable (suivi psychologique ou psychiatrique, thérapie, traitement médicamenteux) afin de réduire le nombre et l’intensité des crises.
Consultez votre médecin généraliste si vous vous sentez concerné par ces symptômes afin qu’il puisse faire un premier diagnostic. Un repérage des facteurs et des causes permettra de changer votre rapport à la nourriture à votre aspect physique, à votre poids et à votre corps, et réapprendre à manger équilibré.
Les aidants
Les aidants sont les personnes autour de vous qui peuvent vous apporter de l’aide et du soutien si vous vous sentez atteint d’un de ces troubles. Votre entourage familial, vos amis et le personnel de santé pourront vous accompagner en fonction de vos symptômes et des facteurs liés à la maladie. Une consultation chez votre médecin généraliste permettra de faire le point sur la situation et suivre l’évolution du comportement.
Surtout, pas de panique. Reconnaître la présence d’un Trouble du Comportement Alimentaire (TCA), à l’instar de l’anorexie mentale, constitue déjà une grande avancée vers la guérison. Cependant, il est primordial de faire preuve de patience et de s’entourer d’une équipe pluridisciplinaire pour surmonter cette maladie et prendre soin de votre santé mentale.
N’hésite pas à explorer ces ressources pour en savoir plus :
Plateforme d’écoute « Anorexie Boulimie, Info écoute » : 09.69.32.59.00 (prix d’un appel local).
L’application mobile FEELEAT, conçue pour accompagner les personnes concernées par les TCA.
Le site internet https://www.ffab.fr/ (Fédération Française Anorexie Boulimie) qui dispose d’un annuaire complet de professionnels de santé à travers le pays spécialisés dans le traitement des TCA.
Par le Cabinet Caring In-Spire, Psychologue Annecy, Psychothérapie et Thérapie de Couple
Cabinet Caring In-Spire, Psychologue Annecy, Psychothérapeute et Psychanalyste
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